1. Les landes ou pelouses sèches calcaires :
La flore des landes est moins éclatante que l'an dernier, en ce 14 juin. Les pluies ont été beaucoup plus rares, ce qui ne permet pas aux petites plantes vivaces et annuelles de s'épanouir en larges touffes. La floraison de chaque espèce est plus courte aussi. Nous n'avons donc pas retrouvé les tapis serrés et multicolores de 2008, mais les amies étaient au rendez-vous. Ci dessus, une joile touffe de lin parsemée de lotiers.
Je ne vais pas remettre toutes les photos des petites plantes des pelouses sèches présentes en cette période. Vous trouverez l'illustration des leuzée, cardoncelles, coronilles, lins, serpolet, dans le compte rendu de la sortie du 15 juin 2008.
Seuls quelques repères et ajouts de cette année, en commençant par le plus visible : le genêt d'Espagne :
et en poursuivant par les belles catananches dont la floraison démarrait :
Les catananches s'adaptent à la sécheresse en se fermant au soleil de l'après midi, elles poussent sur toutes les pelouses sèches, mais c'est sur les sols rouges que leur floraison est la plus belle. D'autres photos dans les articles de l'an dernier.
Plus discrets, quelques autres plantes repères :
Le petit églantier-rampant, qui fleurit au ras du sol, souvent en bordure de haie, et ceci, après l'églantier (rosa canina) qui produit les cynorrhodons
Les discrètes, mais nombreuses, germandrées petit chêne
ainsi que les hélianthèmes jaunes, toujours en fleurs (ils fleurissent après les blancs)
et plus rare, mais appréciée :
Lavande en fleurs.
Et pour conclure sur la durable scabieuse, si attractive sur les insectes :
2. balade des vallées : une splendide station d'orchis moucheron et une autre de digitale lutea
2 petits terroirs bien spécifiques pour chaque station, dont les floraisons n'ont pas souffert, mais qui, au contraire, sont en plein essor cette année, pour 2 raisons.
D'une part, il s'agit de stations de bas de versants, orientées au Nord, d'autre part, il s'agit de plantes se développant sur les réserves de l'année précédente.
La station de digitales lutea, seules digitales pouvant vivre en terroir calcaire (la digitale est typiquement une plante de terrains granitiques) se situe en bordure des prés, en bas de versants boisés, et à l'orientation Nord.
Si nous suivons sa trajectoire sur plusieurs centaines de mètres, nous verrons qu'elle choisit en fait des sols peu calcaires : soit elle s'est implantée sur un petit pré en terrasses regagné sur l'envahissement forestier (donc, très humifère), soit elle est implantée sur un bas de versant sur lequel les argiles rouges de décalcification se sont déversées avec le temps. Ces argiles se sont formées à l'ère tertiaire, sous un climat tropical, sur les calcaires durs (ceux du haut du plateau). Par définition, ces argiles sont décalcifiées.
Cela peut paraître un peu compliqué, mais en voyant sur le terrain, on comprend...
Voici d'abord l'environnement en bordure humifère :
voici l'environnement en bas de versant où se sont déversées des argiles de décalcification :et voici une photo du versant :
Les fougères que nous voyons dans ce bois (il y en a aussi en bas de versant) sont les témoins de cette présence de sols décalcifiés (la fougère est une plante de terres acides).
Notre digitale est donc bien la seule à pouvoir vivre en terroir calcaire...mais pas n'importe où ! C'est vrai pour le calcaire, mais c'est réel aussi pour l'insolation, car cette plante typique de montagne s'aventure sur ces côteaux secs, oui mais en bas de versant, oui mais à l'orientation Nord !
La station d'orchis moucheron particulièrement belle cette année, se situe comme l'autre station déjà photographiée l'an dernier, sur un versant orienté au Nord, mais un versant marneux. Les marnes sont des calcaires fins mélangés d'argile, leur origine sont les vases de l'ère tertiaire. Ce ne sont pas des calcaires purs et durs, comme ceux des plateaux, ils sont imperméables. Ils bénéficient par contre de l'eau qui traverse les plateaux calcaires au dessus d'eux, et qui ressort superficiellement à leur niveau.
L'orchis moucheron peut ainsi trouver son terroir de prédilection : un milieu humide, car les ruissellements du plateau au dessus dure quelque temps en saison, et un milieu sans trop de concurrence par la végétation "habituelle" des milieux humides. Pourquoi ?
- Cette humidité est toute relative, nous ne sommes pas en fond de vallée, et nous sommes quand même en terroir sec sur le Quercy. L'humidité du printemps permet à l'orchis, qui vit sur un bulbe, de se développer, capacité que n'ont pas nombre de plantes de milieux typiquement humides.
- Les marnes sont des milieux très calcaires, et peu d'autres plantes habituelles de milieux humides peuvent se développer sur des sols ayant autant de calcaire assimilable par les plantes
Voici donc cette station, préservée par son orientation Nord assez encaissée :
petite terrasse en bas de versant marneux (sur la droite), qui surplombe la vallée de plus d'un mètre.
c'est une grande orchidée, rappelons aussi que l'orchis moucheron est parfumé...
orchis moucheron (détail)
Merci d'avoir la patience de me lire, j'essaie d'avoir la patience de vous expliquer pourquoi on peut trouver une station de plantes moins courantes, et de vous communiquer tout le plaisir de ces découvertes, que la connaissance "scientifique" n'émousse pas, bien au contraire...
La nature a horreur du vide, paraît-il, nous pourrions dire autrement, il y a une place pour chacun, si les exigences sont différentes et non concurrentes !