12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 11:12

crapaud-acc2

 

Chants de flûtes des soirées douces et humides, signe qu'enfin tout s'est réchauffé et que les veillées aux étoiles s'annoncent, ou témoins des senteurs qui s'exhalent de la terre humide après une pluie bienfaisante...sans exagérer, c'est tout cela le plaisir qu'offre la présence des crapauds accoucheurs !

Mais comme vous pouvez le voir ci-dessus, ce chanteur est très petit (cf la dimension de mes doigts), et vous ne risquez de le rencontrer qu'en remuant des pierres, un tas de sable ou de terre meuble. Il ne vit pas dans l'eau, il se terre le jour et profite de l'humidité de la nuit pour se déplacer et aller chasser.

 

(cliquez en fin d'article sur la vidéo pour vous rappeler son chant, tout en lisant la suite :

(malheureusement, je ne peux plus importer mes propres enregistrements sur ce site, sans passer par un site hébergeur, et je suis obligée d'avoir recours à l'enregistrement d'un collègue  pour pouvoir vous faire entendre ce chant )

Ma vidéo nocturne a été enregistrée en 2008 à Pech Bely, presque par hasard, car c'était si habituel !

En quelques années, les choses ont bien changé : les chants du crapaud se sont éteints en 3 ans. Pas de bouleversement d'habitat pourtant : les murettes en pierres sèches,  un ou deux tas de sable qui traînent, la mare creusée dans la roche, réceptacle des eaux de pluie, tout le "paysage" à hauteur de crapaud est là.

Le seul problème : la mare a été envahie par des grenouilles rieuses, au croassement moqueur et grinçant, dans la même période.

Les recherches effectuées sur les 2 espèces ont bien confirmé que ce phénomène était général : les crapauds accoucheurs sont en voie de disparition en maints endroits, et la grenouille rieuse est une espèce de plus en plus invasive, même dans les milieux secs, pourvu qu'ils soient dotés de mares suffisamment profondes toute l'année.

Je n'ai vraiment pas envie de mettre ni photos ni coassements de grenouilles rieuses sur ce site, mais vous en trouverez tant et plus sur internet.

Vous pourrez voir que cette espèce, originaire des pays de l'Est, a été importée vivante pour l'élevage, à cause de la dimension de ses cuisses. Très prolifique, n'ayant pas de prédateur naturel (sinon l'homme), elle s'est échappée des bassins d'élevage où elle aurait dû rester cantonnée, et envahit rivières et étangs, où elle est cause de la disparition des grenouilles autochtones (comme le grenouille verte).

Cette espèce, que nous avons entendu d'abord dans la vallée, est remontée sur les plateaux, pour venir se multiplier dans nos mares traditionnelles.

Elles ne supportent pas la chaleur et la sécheresse, comme le petit crapaud accoucheur, et restent donc cantonnées en gros groupes autour et dans les mares : les crapauds accoucheurs ne peuvent plus venir y faire éclore leurs oeufs, et leurs petits tétards ont peu de chance d'échapper à la chasse intensive des rieuses.

 

Des idées de solution expérimentées à Pech Bely, grâce aux données biologiques :

 

- la grenouille rieuse a besoin de plus d'eau que le crapaud accoucheur

- le crapaud accoucheur doit son nom à son comportement particulier : il vit disséminé, et le mâle chante dans les douces soirées pour faire venir les femelles. Ils s'accouplent, le mâle se charge des oeufs sur le dos , et il s'en occupera pendant 3 à 5 semaines.

Il les protège le jour du soleil, et la nuit, il passe dans l'herbe humide ou dans une flaque d'eau pour les réhumecter.

Quand les oeufs sont prêts à éclore, il va, en principe, les lâcher dans le point d'eau où il est né...ou le point d'eau proche qu'il a trouvé pendant la mâturation des oeufs.

 

oeufs-crapaud-accoucheur

 

La démarche pratique :

 

1° nous abaissons régulièrement le niveau des mares, de façon à ce qu'elles soient moins attractives pour les grenouilles. En fait, ces mares qui constituaient des réserves d'eau utilisées, à l'époque où il n'y avait pas d'eau courante, reviennent à leur destination initiale : être puisées et satisfaire des besoins (à présent, limités à l'arrosage) plutôt qu'objets de décoration !

2° entretenir des petits points d'eau permanents pour les têtards de crapauds : une simple flaque leur suffit, si elle ne s'assèche pas...

3° la difficulté est de "persuader" le crapaud d'y aller, ou de l'installer assez près d'un mâle portant des oeufs !

La bonne stratégie est de guetter, les soirs favorables, le chant d'un mâle, et d'installer un petit bassin à proximité...

 

Premiers résultats de l'année dernière :

 

J'ai eu la chance d'entendre un chant fin juillet. J'ai donc installé un petit bassin, rempli d'eau de pluie (pour que se développe de la végétation susceptible de nourrir les têtards), à proximité du chanteur. La première chance : il restait une femelle sur le site, et la deuxième chance : il a fait sec, et le crapaud s'est habitué à aller trouver l'eau au plus près...

Le résultat fut une belle naissance au mois d'août :

 

bassin-des-crapauds

Le bassin dans le tas de sable où chantait le mâle

 

tétards crapaux-accoucheurs

crapaud-acc-têtards

Les têtards au mois d'août

 

Les têtards étaient tardifs, ils ne deviendront crapauds qu'au mois d'avril...c'est à dire qu'incessamment, ils vont sortir de l'eau. Pas trop de chance cet hiver, le gel n'a épargné que 2 ou 3 têtards...pourvu qu'ils échappent à leurs prédateurs de la vie terrestre...

 

La saison de guetter les chants reviendra dès qu'il fera plus doux, je recommencerai, et je vous invite à en faire autant.

 

commentaires

P
en ce moment j entends chanter les crapauds accoucheurs dans mon jardin
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P
ton article est très interessant ! J'y retrouve plein de choses que tu nous a déjà dites mais il y a en plus les phots et le son. J'ai prévenu notre copain qui a un blog Fumélois nature et<br /> patrimoine. Il a multiplié ses lieux de promenades. Son blog est très chouette et très complémentaire du tien.<br /> <br /> Cordialement, à bientôt, Pierre
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